A nos glorieux libérateurs


La charge du Lt Colonel Col à Carentan

16/11/2014 18:52

La charge du Lt colonel Cole à Carentan


Il échoit au 502 PIR de prendre les 4 ponts sur la chaussée qui mène de St Côme du Mont à Carentan. Le pont N°2, à partir de St Côme, explose le 8 juin, et aujourd'hui encore, la dispute fait rage quant aux auteurs de l'explosion, les paras du  6 Regiment, ou les canons de 14 pouces de l'USS Texas. Depuis les 6 juin, les parachutistes allemands ne cessent de renforcer les défenses de cette chaussée dont les abords ont été inondés.
La route N13 est totalement couverte par des nids de mitrailleuses, et les mortiers et 88 allemands ont réglés leurs tirs sur les 4 ponts et leurs approches. 
 
Avant l'aube du 10 juin, le LT Colonel Robert Cole  commence à faire traverser la Douve en pleine obscurité à ses hommes du 3/502. La compagnie I est en tête, suivie de G, H et HQ. Le jour se lève, et tout ce beau monde se retrouve comme des "sitting ducks", cibles de tir au canard sur cette chaussée surélevée, couverte de tous côtés par les tirs ennemis, et trop durs pour que les GI's puissent y creuser le moindre trou. En quelques minutes, cette portion de la RN 13 mérite son nom de Purple heart lane. Les hommes sprintent d'un côté à l'autre de la chaussée, espérant trouver une meilleure couverture, mais en vain, toutes les approches sont arrosées en permanence par les tirs de mitrailleuses planquées sur de petits îlots au milieu des marais inondés. Avec la nuit, le feu diminue d'intensité, mais les obus continuent de tomber à l'aveuglette. Le bataillon est alors totalement désorganisé sur tout le long de la chaussée depuis St Côme et jusqu'au pont N°4 à l'entrée de Carentan. Les blessés,nombreux, ne peuvent être évacués. Les paras, à découvert ou planqués derrière quelques herbes folles, tentent de dormir. Mais à minuit, un Stuka allemand et un autre avion non identifié remonte toute la N13 depuis Carentan en mitraillant et en lâchant deux bombes. Les balles ricochent comme des balles de ping pong en faisant des étincelles sur le macadam. La I compagnie reçoit le plus fort du mitraillage. En quelques secondes, 30 troopers sont tués ou blessés. La I company a alors perdu 62 de ses 85 soldats.
Coles est à La Croix Pan où Michaelis (qui a pris la place de Van Horn Moseley comme CO du 502) lui ordone de reprendre l'attaque vers Carentan. Cole place les 84 hommes de H company en pointe, avec les 60 hommes de G company en soutien, et les 121 hommes de HQ en réserve. 
A 4 heures du matin le 11 juin, les paras se mettent en mouvement. Ils franchissent à la file indienne les "belgian gates" qui bloquent le pont N°4 au dessus de la Madeleine. Les scouts tournent alors à droite vers la ferme Ingouf, objectif du bataillon. C'est le Private Albert Dieter qui est en pointe, avec H company 150 mètres derrière lui. Il parvient en bordure de la haie qui borde l'approche de la ferme quand les mitrailleuses et mortiers entrent en action. Dieter a le bras presqu'arraché. il fait demi tour et rejoint H company planqué de l'autre côté de la RN 13.Le  Capitaine Simmons et  la H company se retrouvent vite pris pour cible de tous les tirs allemands. Les pertes augmentent à chaque minute. Les blessés tentent de repartir en rampant. Ils croisent Cole qui rampent vers le front . 
Il demande un tir de barrage sur la haie autour de la ferme Ingouff. Rosemund lui répond qu'il ne peut déclencher de barrages sans autorisation de l'officier artilleur!!! 30 mn plus tard, un barrage venant de St Côme tombe sur la ferme. Mais le feu ennemi ne ralentit pas pour autant. Pire peut-être. Cole aperçoit de l'autre côté de la chaussée son XO, le major John Stopka. Il lui crie : "j'ai demandé un écran de fumée, et après, nous chargerons à la baionnette vers ma ferme!". Stopka répond : "OK!" mais ne comprend pas qu'il doit relayer l'ordre. Un barrage d'obus fumigène entoure bientôt la ferme Ingouff et les abords de Carentan.
 A 6 heures 15, le barrage stoppe.
Cole a un sifflet dans une main, et son .45 dans l'autre. Il donne un coup de sifflet strident, se lève et fonce droit devant lui. la vingtaine d'hommes qui l'entoure se lèvent et l'imitent. Stopka réalise que l'ordre n'est pas passé. il revient vers les fossés qui bordent la N13 et tente de rallier tous les paras qui y sont enterrés. Il rassemble 40 hommes supplémentaires qu'il pousse sur les traces du colonel. Cole a pris une avance considérable. A mi parcours de la ferme, et totalemnt à découvert, il se retourne et ne voit qu'un ou deux soldats. Il s'arrête un moment et se croit abandonné. il met genou à terre, tandis que l'air se remplit de tirs et d'explosions. Il aperçoit alors quelques formes qui viennent vers lui. 
La plupart des hommes du 3rd battalion n'avait aucune idée de ce qui se passait. Voyant Cole charger, ils se lèvent et tentent de le suivre. C'est un peu du chacun pour soi, chaques soldats livrent son propre combat individuel. Cole est au milieu du champs, tirant et jurant, au point que malgré la situation dramatique, certains hommes éclatent de rire. Stopka est maintenant devant lui. Cole se précipite, saute une haie et tombe dans un fossé plein d'eau. Il crie à son radio de ne pas le suivre. Une poignée de paras ont atteint la ferme Ingouf qu'ils prennent d'assaut en hurlant comme des sauvages. Il y a des cadavres allemands partout; mais peu ont vraiment été tués à la bayonnette. Le reste des allemands s'enfuie au delà de la ligne de chemin de fer.Le  First Sergeant Kenneth Sprecher et Private George Roach sont les premiers à pénétrer dans la ferme Ingouf qu'ils trouvent abandonnée. Cole arrive et y établit son poste de commandement.

Cole à la ferme Ingouf après les combats

Récit de Eldon Abrhamsen

"Ce fut "une putain de journée. j'ai avancé sur le côté droit de la route (RN 13 ) en restant bien dans le fossé. Puis j'ai dû rampé pratiquement sur toute la longueur de la route. On recevait des tirs de fusils, de mitrailleuses et de mortiers. Au moment donné de la progression, je me suis trouvé avec le lt Col Robert Cole. J'avais enlevé mon casque et Cole m'a ébourifé les cheveux en me demandant comment ça allait. J'ai dit que tout était OK et Cole a repris sa progression dans le fossé qui était plein de flotte. 
La progression a été violente pour la I company, avec de nombreuses pertes. Devant moi, un soldat a eu le pouce arraché par une balle qui a longé son bras et est ressorti par son dos. Puis l'homme qui était derrière moi a aussi été touché. Un medic est venu pour lui porter assistance. Alors qu"il s'occupait de lui, il a pris une balle en plein front. J'ai essayé de foutre le camp de ce coin aussi vite que possible car c'était très exposé aux tirs allemands. Près de moi un lieutenant a été touché au ventre. Il avait enlevé sa chemise et la perte de sang le rendait blanc comme un linge. En poursuivant ma progression, j'ai dû ramper sur les corps de gars de ma compagnie. Ca m'a foutu en rage et je me suis juré de tuer le pus grand nombre possible d'allemands. 
Avec la tombée du jour, j'ai atteint ce qui restait du dernier pont. le sol faisait une bosse à cet endroit et le feu allemand était dévastateur. Alors que je rampais sur une petite butte, un allemand est sorti de nulle part à 3 mètres devant moi, la mitraillette dressée. Je m'apprêtais à le descendre quand j'ai réalisé qu'il était déjà mort et qu'un soldat avec un drôle de sens de l'humour l'avait placé ainsi. C'est alors que j'ai été touché aux jambes par une rafale de mitrailleuse. Un stuka allemand est arrivé et a arrosé toute la chaussée en balançant des bombes. J'ai essayé de me relever et j'ai senti mes os craquer. Je suis retombé dans l'eau du fossé. Un peu plus loin, il y avait un autre para atteint au ventre. Un sergent est passé et m'a donné de la morphine. J'ai réalisé que les balles m'avait brisé le genou, le mollet et la cheville. Je suis resté étendu là, et je me suis dit que c'est ainsi que j'allais mourir. J'ai aperçu mon pote Gaukel qui marchait vers St Côme. Je l'ai appelé mais il m'a dit qu'il était blessé. je sais qu'il est mort de ses blessures un peu plus tard. Deux brancardiers sont arrivés et ont voulu m'emmener ; je leur ai dit de s'occuper du blessé au ventre. Il sont revenus plus tard me chercher. Le docteur Blatt m'a racommodé, m'a donné un shot de Brandy, et on m'a ficelé sur le capot d'une jeep pour m'évacuer vers la plage. J'étais sous l'effet de la morphine et je ne me rappelle que d'une chose à bord du navire hopital .J 'étais avec un gars de la 82nd qui gueulait parce qu'il avait sauté en Sicile sans une égratignure, et qu'il s'était fait marcher dessus par une vache en Normandie...."
 
Eldon Abrahamsen I/502
Cole's bayonet charge monument
Inauguration du site et du monument au Colonel Robert Cole, le 4 juin 2014. 101e Airborne Division, décoré de la plus haute distinction militaire américaine, la Médaille d'Honneur, pour la charge à la baïonnette sur Carentan. En présence des autorités, des familles et des vétérans de la 101e Airborne. Ferme Ingouf.

n savoir plus : https://www.libertyship.be/news/carentan-la-charge-du-lt-colonel-cole/

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