
A nos glorieux libérateurs
Les préparatifs du débarquement

La préparation du débarquement de Normandie a débuté à la fin de 1943. Les hommes et le matériel s’accumulaient en telles quantités que les humoristes affirmaient que la Grande-Bretagne coulerait s’il n’y avait pas le barrage des ballons antiaériens pour la soutenir. A la veille du débarquement, on y comptait 2876000 soldats : 20 divisions américaines, 14 divisions britanniques, 3 divisions canadiennes, une division française et une division polonaise. Aux Etats-Unis, 40 divisions supplémentaires étaient prêtes à partir. Pour la seule armée américaine, 124000 lits d’hôpitaux avaient été convoyés en Grande-Bretagne. 50000 véhicules militaires avaient été rassemblés. 1000 locomotives et 20000 wagons de marchandises attendaient d’être transférés sur le continent. 163 aérodromes avaient été construits en prévision des attaques aériennes à travers la Manche. On avait même conçu des ports préfabriqués, dont les éléments flottants devaient être remorqués jusqu’aux plages de Normandie, puis assemblés sur place. On avait prévu d’installer des pipelines à travers la Manche, pour assurer le ravitaillement en carburant des armées alliées.

La capacité des alliés de mettre en action les énormes forces rassemblées en Grande-Bretagne était limitée par la nécessité d’avoir une mer à traverser et par le nombre d’embarcations de débarquement disponibles. Ils ne pouvaient débarquer que 6 divisions lors de la première opération amphibie, ainsi que 3 divisions aéroportées, et il faudrait une semaine pour pouvoir doubler le nombre d’unités déposées à terre. Il y avait donc des raisons d’être inquiet quant aux chances d’enlever ce qu’Adolf Hitler appelait le « Mur de l’Atlantique » et quant au risque d’être rejetés à la mer.

Avant son déclenchement, le débarquement de Normandie semblait être une entreprise extrêmement risquée. Les troupes alliées devaient débarquer sur une côte que l’ennemi occupait depuis quatre ans et qu’il avait largement eu le temps de fortifier, de couvrir d’obstacles et de parsemer de mines. A l’Ouest, les Allemands disposaient de 58 divisions et 10 d’entre elles étaient des divisions de Panzer capables de lancer rapidement une contre-attaque blindée. Cela donnait aux Allemands la faculté de concentrer des forces en supériorité écrasante pour rejeter les envahisseurs à la mer avant qu’ils aient pu s’établir fermement en nombre suffisant.
Initialement, le plus gros handicap des Allemands résidait dans l’ignorance de l’endroit exact où le débarquement aurait lieu.